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Circuit du moulin du Saut

Culturel, Espace Naturel Sensible, Itinéraire d'interprétation, Promenades et Randonnées (PR) à Gramat
4.3 km
Pédestre
2h
Facile
  • Ce sentier côtoie le fond du canyon de l’Alzou et révèle les ruines du moulin du Saut, édifice construit à même la falaise au XVIIIe siècle. Ensuite au fil de la remontée sur le causse le sentier devient plus “aérien”.

    L’intérêt majeur du site tient à la diversité de sa faune, de sa flore et des milieux naturels qu’il abrite : pelouses sèches, falaises, bois de ver- sants, prairies, sans oublier les rivières (l’Ouysse et l’Alzou). Certaines des espèces présentes sont devenues...
    Ce sentier côtoie le fond du canyon de l’Alzou et révèle les ruines du moulin du Saut, édifice construit à même la falaise au XVIIIe siècle. Ensuite au fil de la remontée sur le causse le sentier devient plus “aérien”.

    L’intérêt majeur du site tient à la diversité de sa faune, de sa flore et des milieux naturels qu’il abrite : pelouses sèches, falaises, bois de ver- sants, prairies, sans oublier les rivières (l’Ouysse et l’Alzou). Certaines des espèces présentes sont devenues rares, comme la loutre ou les chauves-souris. C’est pour cette raison que le site a été classé en Espace Naturel Sensible par le Département du Lot et en site “Natura 2000” par la France et l’Europe

    Les Espaces naturels Sensibles (ENS) sont des réservoirs écologiques remarquables mais fragiles qui bénéficient d'un programme de gestion et de mise en valeur mené par le Département du Lot, en partenariat avec les collectivités locales et différents acteurs.

    - Découvrez le patrimoine de ce circuit, dans le guide géologique « Causses du Quercy » et grâce aux fiches ENS à insérer dans les bornes le long du chemin.
    - Difficultés particulières : Risque de crue de l’Alzou par temps de fortes pluies. Descente glissante entre le point D et le point 1. Chaussures de randonnée indispensables.
Points d'intérêt
1 Accès à l'Alzou
Rejoindre l’Alzou n’est pas facile tant elle est bien protégée par les parois abruptes qui l’enserrent. Désireux d’y accéder pour profiter de sa force, les meuniers ont dû construire des chemins d’accès à leur moulin. Ce chemin autrefois revêtu d’une calade de pierre et ce pont sont l’héritage de travaux d’aménagement datant du 18è s.

Les moulins du Saut et de Tournefeuille possédaient chacun deux chemins d’accès : un sur chaque rive. Pour les aménager, il a fallu tailler le rocher, bâtir des ponts et des murs de soutènement. Ces travaux difficiles expliquent peut-être l’absence de vrai chemins entre les moulins. Les berges étaient canalisées entre deux murets que les meuniers entretenaient avec soin. Certaines pierres qui jonchent le lit sont les restes de ces murs. Les aménagements datent du 12è s. et s’étendent jusqu’au 19e s. La force de l’eau était une énergie primordiale avant l’ère industrielle.
VUE PRINCIPALE_L'Alzou au printemps©Département du Lot.jpg L'Alzou en hiver©Département du Lot.jpg
2 Le moulin du Saut
Le moulin du Saut doit son nom à sa position stratégique sur la rivière. Bâti à flanc de rocher au niveau le plus étroit de la vallée, soit 7 m de largeur, il domine une cascade ou « saut » de 10 m de haut. Grâce à l’adaptation de la construction au lit de l’Alzou, l’eau possède ici la force nécessaire pour entraîner les 4 paires de meules du moulin.

La date de 1739 gravée sur le linteau correspond à l’achèvement de la construction du moulin par le seigneur de Gramat. Ses trois chambres à eau permettent de moudre des céréales. A l’étage, l’habitation est dotée de latrines et d’une cheminée. Une source d’eau potable, un four à pain et une étable viennent compléter l’ensemble et assurer l’autonomie du meunier. Le moulin est abandonné en 1924 suite à un incendie. A la sortie du moulin, des trous creusés dans la paroi rocheuse de la rive opposée laissent supposer l’existence d’un autre moulin enjambant la rivière avant le 16e s.
Moulin du Saut - Cyril Novello.jpg La cascade en hiver©Département du Lot.jpg Moulin du Saut avec la famille sur le perron et le fournil encore en bon état©Collection VIALATTE Bernard.jpg Dessin du mécanisme d_un moulin à eau ©CAUE du Lot.jpg
3 Le pli géologique
A la sortie du moulin, en rive gauche de l’Alzou, les strates de calcaire présentent un étonnant aspect courbe. Il s’agit d’un pli géologique résultant du mouvement de la croûte terrestre. Dans cette partie étroite du canyon, l’eau profite d’un passage crée par le plissement et les fractures des strates.

A l’origine, les sédiments qui constituent le calcaire se déposent horizontalement, puis une poussée latérale des plaques terrestres entraine le plissement des strates. Cette déformation très lente de la roche résulte de la collision de la plaque terrestre Ibérique avec la plaque Eurasienne sur laquelle se trouve la France. C’est ce même mouvement qui est à l’origine de la création des Pyrénées.
VUE PRINCIPALE_Le pli géologique©Département du Lot.jpg
4 Les parois rocheuses
Le passage de l’eau sur le plateau calcaire du causse a laissé de nombreuses cicatrices. La roche mise à nue des falaises est devenue un habitat privilégié pour de nombreux êtres vivants. Peu accueillantes a priori, elles constituent l’un des habitats les moins perturbés par l’homme en raison de leur difficile accessibilité et contribuent à la biodiversité de la vallée.

La corniche calcaire culmine à 100 m de haut. Les plantes qui y vivent sont adaptées à un sol très pauvre et à des conditions climatiques extrêmes. On y trouve des plantes grasses et des arbustes comme le Nerprun des rochers ou le Figuier commun, profitant d’une fissure pour glisser leurs racines dans la roche. Certains oiseaux, dits rupestres, vivent sur les parois comme l’Hirondelle des rochers, brune à la queue courte et carrée aux fines taches blanches en son extrémité. Le Martinet noir côtoie le Martinet alpin, beaucoup plus rare. Le Hibou grand-duc et le Faucon pèlerin se disputent le territoire.
VUE PRINCIPALE_Les parois rocheuses©Département du Lot.jpg Parois rocheuses ©Département du Lot .jpg Nerprun des rochers©Département du Lot.jpg
5 La charbonnière
Cette carcasse rouillée est l’une des dernières charbonnières utilisées dans la vallée. Ce récipient métallique possédait un couvercle et était utilisé comme un four transportable. Il était destiné à la fabrication du charbon de bois, un combustible permettant d’obtenir une chaleur très vive, utilisé avant l’arrivée des énergies fossiles comme le pétrole.

La fabrication de charbon de bois s’effectue selon le principe de la carbonisation. Avant l’utilisation des fours métalliques au 20e s., le bois était empilé verticalement sous un couvert de feuilles et de terre puis chauffé doucement à l’étouffée pendant plusieurs jours. Le monticule nécessitait une surveillance permanente pour éviter qu’il ne prenne feu.
Les arbres de la vallée, des coteaux et du plateau étaient débités pour la production de charbon. La dernière coupe totale a eu lieu juste après la Seconde guerre mondiale. La vallée avait à cette époque une allure bien différente !
Charbonnière, XXe siècle_ Ecomusée de Cuzals, Lot©Département du Lot.jpg
6 Le trou d'eau
Uniquement visible pendant la saison sèche, le trou d’eau est un bassin naturel du lit de l'Alzou où se maintient toujours l'eau. Il offre un gîte aux poissons piégés par la baisse des eaux et un abreuvoir pour l’ensemble de la faune. La Couleuvre à collier s’y plaît particulièrement. Elle y trouve facilement de quoi se nourrir : petits poissons, grenouilles ou crapauds.

Au cœur de la saison sèche, le trou d’eau est très fréquenté. Support de tout un écosystème, il permet aux insectes, aux amphibiens et aux poissons de se reproduire et de survivre en attendant la pluie. Ces derniers attirent un cortège de prédateurs : Couleuvre à collier, héron, renard, blaireau y trouvent de quoi se nourrir. Les sangliers et les chevreuils passent aussi s’y abreuver. Ici, la vallée de l’Alzou est plus large. Régulièrement inondé en hiver, ce fond de vallée est favorable au charme, au frêne et au Saule blanc. On y rencontre aussi quelques fleurs comme l’Ail des ours qui sèche au début de l’été.
Le trou d_eau en hiver©Département du Lot .jpg
7 L'Alzou
Cours d’eau de 31,5 km, l'Alzou prend sa source dans le marais de Bonnefont et traverse les sols imperméables du Limargue avant d’atteindre le causse calcaire. Là, il ne coule que de façon intermittente. Malgré tout, 28 moulins à eau subsistent dans la vallée. 6 sont en ruines. Seul le moulin de Vergnoulet reste une minoterie, les autres ne sont plus que des habitations.

La nature intermittente de l’Alzou s’explique par le sous-sol. Sur le causse, l’eau de pluie s’infiltre par les nombreuses fissures fracturant le massif calcaire appelé karst et le remplit d’eau. Quand le karst est en charge, la rivière se met à couler. Mais lorsque l’alimentation n’est plus suffisante, l’Alzou cesse de couler en surface. Il se perd en aval de Gramat et ne ressort qu’un peu avant la confluence avec l’Ouysse, à 15 km d’ici. En été, son lit est asséché. En hiver, ou après de fortes pluies, il peut pourtant prendre l’aspect d’un torrent furieux. Le paysage évolue au gré des saisons !
Le long de l_Alzou, au printemps©Département du Lot.jpg
8 Le Moulin de Tournefeuille
Le moulin de Tournefeuille est situé à 1,5 km du moulin du Saut. Ces ruines datent du 18è s. mais reposent sur des fondations plus anciennes. En occitan, le mot « tournefeuille » désigne l’existence d’un contre-courant dans une petite partie du cours d’eau, qui entraîne les feuilles flottantes dans un mouvement circulaire. Le moulin a cessé de fonctionner en 1933.

Contrairement au moulin du Saut, celui de Tournefeuille est placé sur un terrain peu pentu. Pour créer la force hydraulique nécessaire au fonctionnement du moulin, la chaussée barrant le cours d’eau a dû être installée 150 m en amont. On peut encore voir le dernier modèle des turbines métalliques installées. Aujourd’hui déserte, la vallée était autrefois cultivée et habitée. Aux alentours du moulin, étaient aménagées de petites terrasses vivrières. La famille du dernier meunier comptait 17 enfants. Partie à la fête de Rocamadour, elle eut la triste surprise de trouver le moulin entièrement brûlé à son retour.
VUE PRINCIPALE_Moulin de Tournefeuille, vue du ciel©Département du Lot.jpg
9 Les pelouses sèches
De l’autre côté de la vallée, on aperçoit des étendues de végétation rase parsemées d’arbustes : ce sont des pelouses sèches. Elles sont caractéristiques de pâturages sur un sol calcaire, pauvre et sec. Les brebis caussenardes typiques du Lot, blanches avec des lunettes noires, contribuent au maintien de ces milieux ouverts, favorisant la biodiversité.

Avant l’intervention de l’homme, le causse était couvert d’une forêt claire. Au Néolithique, les premiers agriculteurs commencent à défricher pour permettre l’élevage et la culture de céréales. Jusqu’au 20è s., cette pratique agricole et le prélèvement du bois pour le chauffage ont permis le maintien de ces milieux ouverts. Une faune et une flore originales, adaptées à la sècheresse et au caractère calcaire du sol, peuplent désormais ces pelouses. On y trouve en particulier l’Œdicnème criard, oiseau migrateur semi-nocturne, et le Lézard ocellé, grand lézard coloré qui se plait beaucoup dans le Lot.
VUE PRINCIPALE_Pelouses sèches©Département du Lot.jpg Pelouses sèches, vue aérienne©Département du Lot.jpg Lézart ocelé©Département du Lot.jpg Brebis caussenardes©Département du Lot.jpg
10 Les dolines et la végétation
Après avoir monté le chemin de la reine, vous arrivez sur le plateau calcaire. Au bout d’une légère descente, l’environnement change. Vallée dans le dos, face à vous, se trouvent une ancienne carrière de sable et une succession de dolines dont la végétation particulière apporte un souffle de fraîcheur au lieu.

Une doline est une dépression profonde de plusieurs dizaines à centaines de mètres, formée par la dissolution du calcaire par l’eau de pluie. Cette transformation de la roche provoque l’affaissement du sous-sol, voire son effondrement. On parle alors de doline d’effondrement.
Les résidus insolubles entrainés par les eaux de ruissellement s’accumulent dans le fond des dolines. Ce sol argileux, humide et profond favorise le développement d’une végétation différente de celle du causse. Le chêne pubescent y est imposant ; le charme, le tilleul et l’érable champêtre s’y plaisent. Au printemps, la garance voyageuse et le lys martagon apportent de la couleur à cet univers végétal dense.
Doline de Magès, à Rocamadour©Département du Lot.jpg
11 La grotte de Roque-Fumade
La grande cavité que l’on aperçoit sur la paroi a fait partie des abris préhistoriques parsemant la vallée de l’Alzou. Les populations nomades du Paléolithique les utilisaient comme abri temporaire et comme lieu de sépulture. Désormais, les chauves-souris comme le Rhinolophe euryale y habitent.

De nombreux silex taillés trouvés dans ces abris témoignent d’une occupation humaine importante dans la vallée de l’Alzou. On a aussi retrouvé des galets et des tablettes gravés confiés au musée de la grotte du Pech Merle. Des fouilles récentes dans la grotte de Sirogne, révèlent la présence de l’homme de Neandertal dans la vallée. Au Néolithique, l’homme se sédentarise et construit les dolmens et tumulus toujours visibles sur le causse. A la veille de l’Antiquité, vers 800 avant JC, l’oppidum de Tournefeuille, peu visible aujourd’hui, a constitué une place forte servant de refuge aux habitants du causse.
VUE PRINCIPALE_La grotte de Roque-Fumade vue du ciel©Département du Lot.jpg
12 Le canyon
Plus qu’une vallée, l’Alzou est un véritable canyon. Ce n’est pourtant pas lui qui l’a creusé mais l’Ouysse, rivière beaucoup plus importante, maintenant souterraine dans cette zone. Caractéristique d’un paysage karstique, le canyon s’est formé dans le plateau calcaire à l’ère tertiaire, il y a 2 millions d’années.

La formation d’un karst résulte de l’interaction entre le calcaire et l’eau par des phénomènes d’érosion et de dissolution. En coulant en surface, l’eau a creusé des vallées et parfois même des canyons, comme ici. Mais les fissures du sol, en s’agrandissant sous l’action de l’eau, entrainent parfois la rivière à sa perte. L’Ouysse a laissé une vallée asséchée dans laquelle l’Alzou s’est installé. La circulation de l’eau en sous-sol est responsable de la formation des grottes, des dolines et des gouffres. Le vaste réseau de galeries souterraines est un véritable labyrinthe, terrain de jeu des spéléologues.
Le moulin du Saut dans le canyon, vue actuelle ©Département du Lot.jpg VUE PRINCIPALE Le canyon, vue aérienne©Département du Lot.JPG
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